Pascale Angelot 1-24 novembre 2024

Pascale Angelot

« Movimenti »

Pascale Angelot: son rapport à la surface est particulièrement sensible je crois. Au point qu’on a parfois l’impression que c’est du fond même qu’elle extrait ses formes et ses lignes. Ou en tout cas de son fond à elle, celui qu’elle a d’abord créé en travaillant la toile (mais ça, c’est de moins en moins vrai, semble-t-il sur son cheminement).

Chez Pascale Angelot, sur ce champ libre, donc, circulent des tracés, des contours, des cellules… Ils bougent, se déforment, se cognent, s’évanouissent parfois. Derrière eux (ou devant?) apparaissent des ombres. Comme les traces laissées par un déplacement. Quelques lignes à peine effacées ou vaguement devinées dans la brume.

Le tableau est fait de ces éléments en mouvement, qui naissent, se métamorphosent, se rencontrent, meurent et peut-être ressuscitent. Et qui abandonnent là leurs empreintes (ou leurs cicatrices), leurs traînées d’insecte, le souvenir de leur passage.

C’est bien sûr la couleur qui mène le jeu: un trait gras et noir, une tache vive jaune ou bleue, un plan blanc cotonneux, une ligne rouge en zig-zag… Et la lumière joue également son rôle en sculptant aussi du relief, en faisant naître du volume.

Mijo

Et Pascale a écrit:

J’ai appelé cette exposition Movimenti, un mot qui chante, qui bouge, un mot tout entier à ce qu’il veut dire, à ce que je veux dire, mouvements. Movimenti car mouvements du peintre et mouvement sur la toile

Movimenti pour le peintre, bien sûr, ses gestes de la main, des deux mains, des épaules, du corps entier, tout est convoqué. Et les mouvements des yeux, de la respiration, reflètent les mouvements intérieurs de transformations d’états qui s’opèrent en dehors de sa peinture et aussi en contact avec la toile. En premier, l’élan, qui négocie avec les choix, support, brosse, spatule, main, stick et le choix du geste, plus ou moins ample, plus ou moins lâché, précis, ou attentif. On attend la suite, ce qui va s’inscrire finalement, à ce moment-là sur ce tableau à advenir, on est en suspens. Pour ce faire, c’est un dialogue entre main et regard, corps et âme, entre mouvement et passivité, c’est se laisser pénétrer par ce qui arrive, laisser descendre en soi, s’ajuster par des allers-retours incessants entre canapé et chevalet. Stations assises plus ou moins durables, regard aiguisé et rêves éveillés. Movimenti, sur la surface peinte car, ce qui s’offre à l’œil, cette variation de formes en mouvements sur cet espace-là, en ce moment précis du regard, ne sera plus ainsi, on le devine, dans la seconde qui suit.

Certaines formes délibérément inachevées, au début de leur vie, demandent à l’œil de les prolonger, de les soutenir ou de les aimer ainsi, imparfaites. D’autres prennent tout l’espace, s’imposent aux autres, elles ne savent pas encore qu’elles ne sont qu’éphémères, certaines entrent dans l’espace, certaines le quittent.

Ainsi regardons avec le même appétit, ce qui est que ce qui n’est plus, ce qui se donne que ce qui s’échappe, et ce qui reste, ce qui se heurte que ce qui collabore, ce qui laisse des traces que ce qui n’en laisse pas.

Pascale Angelot

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